Entretien avec Shiri Ben David

L’histoire du Dr Shiri Ben David offre un aperçu du coût humain du conflit et du rôle vital des professionnels de la santé mentale dans la gestion de ses conséquences. Alors que le chemin vers la guérison se poursuit, son leadership et sa compassion ouvrent la voie à la résilience individuelle et collective.

Docteur Shiri Ben David, chef du service psychiatrie de l’hôpital Hadassah à Jérusalem, a une large expérience de la gestion des traumatismes. Cependant, rien ne pouvait la préparer au drame collectif déclenché par les évènements du 7 octobre. Dans cet entretien, elle partage ses réflexions sur les défis uniques auxquels sont confrontés les patients et les professionnels de la santé pendant cette période.

Du quotidien à la crise :

Avant la guerre, l’équipe de 120 psychologues sous sa direction offrait divers services à travers l’hôpital, de l’oncologie à la rééducation. Aujourd’hui, leur orientation a radicalement changé. Si les soins de routine se poursuivent, une part importante de leur travail consiste à gérer les conséquences psychologiques de la guerre.

Le fardeau collectif :

L’impact de la guerre ne se limite pas aux patients directement touchés. Il pèse également lourdement sur le personnel. »Nous sommes tous du même côté », déclare le Dr Ben David, soulignant l’effacement des frontières entre soignant et personne affectée. Ce traumatisme partagé affecte leur capacité et leurs ressources, nécessitant des approches innovantes pour soutenir à la fois les patients et eux-mêmes.

S’adapter au changement :

Le Dr Ben David a mis en place plusieurs mesures proactives pour relever ces défis. Une supervision régulière centrée sur les expériences personnelles favorise le soutien entre pairs et le traitement émotionnel. De plus, des psychologues sont facilement disponibles pour les membres du personnel qui recherchent une aide individuelle.

Au-delà du traumatisme individuel :

La guerre a soulevé des questions existentielles que les interventions traditionnelles pour le stress post-traumatique ne peuvent pas toujours traiter correctement. Elle reconnaît la difficulté de ces enjeux et évite de les rejeter. Au lieu de cela, elle offre de l’empathie et une exploration partagée, reconnaissant la validité de ces luttes existentielles.

Naviguer l’identité et la dualité :

Pour les Arabes israéliens, le traumatisme collectif est aggravé par des couches supplémentaires de conflits et de luttes identitaires. Ils sont aux prises avec des tensions internes et externes, se sentant souvent pris entre deux camps. Elle souligne l’importance de reconnaître ces défis uniques, de créer des espaces pour les émotions complexes et les diverses perspectives.

La route à suivre :

La fin de la guerre reste incertaine, laissant le traumatisme collectif non résolu. Le Dr Ben David reconnaît la nature continue de ce défi et son impact sur les processus de guérison. Pourtant, elle garde espoir, soulignant la force et la résilience de son équipe et de la communauté qu’elle sert.

L’histoire du Dr Shiri Ben David offre un aperçu du coût humain du conflit et du rôle vital des professionnels de la santé mentale dans la gestion de ses conséquences. Alors que le chemin vers la guérison se poursuit, son leadership et sa compassion ouvrent la voie à la résilience individuelle et collective.

Partager cet article